Don Bosco, homme du 19e siècle, peut encore nous aider à inventer notre action éducative. Il en est ainsi parce que le fondateur des Salésiens n’a pas été un technocrate de l’éducation, mais un homme de terrain.
Il a su faire siennes les angoisses des jeunes et partager leurs espérances et leurs joies.
« Ce fut là son « secret ». Éduquer dans un style salésien, c’est donc rentrer dans ce mouvement de partage, c’est tenter de comprendre le jeune, c’est être convaincu, comme disait encore Don Bosco, qu’à la base de toute compréhension, il y a moins les idées et le raisonnement que l’amour. »
Xavier THEVENOT, sdb
« Évangéliser en éduquant et éduquer en évangélisant »
Que l’on soit Chef Compagnon (16 ans), Chef Moniteur (18 ans) ou Chef d’État Major, tout chef à la Compagnie sera accepté sur avis de l’État-Major. C’est le critère éducatif qui l’emportera toujours sur le critère technique. Cette éducation est dans la trempe de saint Jean Bosco, patron principal de la Compagnie, avec sainte Barbe. Inspiré par spiritualité salésienne, le chef est envoyé aux jeunes et reste ouvert et accueillant en faisant le premier pas vers les enfants avec bonté, respect et patience.
« Son affection est celle d’un père, d’un frère, d’un ami capable de susciter une réponse d’amitié :
c’est la bonté affectueuse tant recommandée par Don Bosco. »
(extrait de l’article 15 des constitutions salésiennes)
Tout Chef ou tout adulte travaillant pour la Compagnie cultivera cet esprit « ouvert et prêt à accueillir ». Ceci tout particulièrement à l’époque où les jeux vidéo et le virtuel en général recroquevillent les enfants sur eux-mêmes.
Don Bosco recommandait aux siens :
« Cherche à te faire aimer …
Fais en sorte que tous ceux à qui tu parles deviennent tes amis ».
L’esprit de la Compagnie doit conduire à cette charité, cette joie et cette douceur, que prêchait Don Bosco. Don Bosco se faisait petit avec les petits, et pour cela il descendait « de son estrade ». Se faisant proche des jeunes, il réclamait de ses éducateurs qu’ils partagent leur vie, étant présents avec eux en récréation, jouant et s’adaptant à leurs goûts de jeunes… Que non seulement les enfants soient aimés mais qu’ils se sentent aimés. La bienveillance de Don Bosco pour les jeunes est l’icône de celle du Christ : elle se fait tout à tous, elle persiste malgré les manquements des jeunes, elle exige d’être limpide, elle pardonne, elle n’aliène pas mais libère, elle conduit à aimer et être aimé de Dieu par le moyen des sacrements.
L’éducateur fait confiance au jeune : il voit en lui une chance pour la société à venir. Il se fait proche, afin de gagner sa confiance, car sans confiance, il n’y a pas d’éducation possible. Selon Don Bosco, l’éducateur joue les rôles de père, de grand frère, d’ami dans une proximité ajustée.
A travers la « bonté affectueuse », Don Bosco prend en compte la dimension affective de l’éducation. Il convainc que la douceur va plus loin que la force qui fait violence. Cette bonté ne craint pas de corriger, de faire la vérité, d’exiger la réparation, mais elle offre toujours l’amitié et n’enferme pas dans un rôle et sous une étiquette celui qui a failli.
« Sans vous je ne peux rien faire », disait Don Bosco. Le jeune est le principal acteur de son éducation. Il est capable de discerner là où réside son intérêt. Il peut aussi entendre et comprendre les raisons de son éducateur, et y adhérer afin de collaborer. Au cœur de l’éducation salésienne il y a le dialogue et une relation d’alliance.
Don Bosco accorde une belle place au plaisir en éducation, par le jeu qui apporte la détente nécessaire et mobilise le corps et l’esprit. Il fait bouger les relations, amorce des changements. Surtout le jeu collectif, qui favorise le rêve et l’imaginaire quand on prend soin de l’intégrer dans une histoire qui fait comprendre le bien fondé des règles sociales : ne jamais mettre l’autre en danger, préférer la solidarité et l’esprit d’équipe, être loyal et respecter l’adversaire, accepter l’échec.